Je ne sais pas ce qui est le pire : les Noels psycho-rigides ou les Saint Sylvestre en copié-collé. De toute façon c'est pareil : l'ère de l'hypocrisie, de la surenchère et de la malbouffe. Moi j'en peux plus, du foie gras.Ni des coquillages et crustacés. Hier j'ai regardé une noix de Saint Jacques carrément de travers. Le tout nappé de sauce, de canapés apéritifs aussi nombreux que reluisants, de vins à s'en noyer les poumons, de bûche glacée écoeurante et de Champagne pour couronner la future pathétique journée du lendemain.
Et le pire, c'est qu'après avoir lutté vaillament pour rester éveillée alors que je rêvais d'un saut sous ma couette douillette et d'avoir bataillé pour maintenir P'tite Biche et Clochette dans un état semi-comateux de réveil post-digestion, il fallait attendre Minuit, l'heure du crime, (y'a pas d'autre mot pour ça) pour se souhaiter la sacro-sainte "Bonne année". Double mot qu'on crache, ou plutôt qu'on éternue à son conjoint, son voisin, ses mômes et son chien sans le penser vraiment, en soupirant intérieurement de ne pas être devin parce qu'on sait bien, au fond, que l'année à venir sera au moins aussi nulle que la précédente, avec son lot de maladies, de deuils, de budgets troués, de pneus crevés quand il ne le faut pas, de remarques déplaisantes, d'imprévus déguelasses et de fruits pourris dans le paquet qu'on vient d'acheter. Le tout suivi en général d'un 1er Janvier sinistre.
Je déteste cette journée. On passe son temps à baîller, à se raconter la fiesta navrante de la veille, à traîner en pyjama mal coiffé et à zapper devant la télé, sous prétexte que c'est le premier jour de l'année. Je m'ennuie comme un rat mort, moi, le 1er Janvier. Crève d'immobilisme. Il faut accomoder les restes du frigo, faire semblant d'avoir pris de bonnes résolutions, s'avouer optimiste et confiant en l'avenir. Et le dire à tout le monde. Répandre la bonne nouvelle à qui veut l'entendre :les voisins, la famille, les copines. Et re-souhaiter la "Bonne année" à tous les vents, encore et toujours, au premier Pinpin qu'on connait qui passe. Alors qu'on s'en fout pas mal, du Pinpin. On n'ira pas se pencher sur les coups de canif de sa vie, hein. On a déjà assez à faire avec la sienne.
Moi, je ne prends jamais de bonnes résolutions.Ou alors si, mais je me fais un devoir de ne pas les tenir.
Enfin la bonne nouvelle de l'histoire, c'est que dieu merci, on en sort, de ces foutues fêtes. Vive la reprise.